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 insane love. (ft. ezequiel)

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MessageSujet: insane love. (ft. ezequiel)   insane love. (ft. ezequiel) EmptyVen 8 Mar - 1:27



insane love.

Le Mexique. Cancún. Cette «putain de vie de merde», comme dirait Ezequiel. Moi je m’en accommodais aisément. C’était le seul endroit que je connaissais, là où j’ai grandi, là où ma mère s’est saignée pour nous faire vivre après la mort de mon père. Ezequiel rêverait de m’emmener vivre ailleurs. Lui, c’est un passionné, un idéaliste. C’est mon contraire. Mon pessimisme le met parfois hors de lui — tout comme certains autres aspects de mon comportement. C’est mon frère après tout, il espère simplement le meilleur pour moi. Ce qu’il ne pense pas, c’est que je n’ai peut-être pas envie de mener la même vie que lui. Je n’ai pas envie de faire des études. Je n’ai pas envie de quitter ma mère. Et même si Chus nous tape sur le système du haut de ses vingt-cinq ans trois-quarts, il est de notre sang. Les rêves, quand on vit au Mexique et qu’on fait partie de la classe défavorisée, c’est indécent.

C’est indécent, tout comme ce qui se trame entre Ezequiel et moi. J’ai parfaitement conscience que c’est mal. J’ai conscience que ma mère serait capable de nous mettre à la porte. J’ai conscience aussi que les ennuis nous pendent au nez si la population de Cancún venait à l’apprendre. Mais j’ai surtout conscience que je ne peux lutter contre Ezequiel et son emprise sur moi. Il est mon double, mon âme-sœur, celui en qui je voue une admiration sans borne. Et pour tout ça, je le crains. Je le crains car il est excessif. Je le crains car il sait me pousser à bout. Je le crains car je l’aime. Lui et ses excès. Je sais pertinemment qu’il n’a aucune morale, et c’est là où réside notre principale différence. Contrairement à lui, j’ai une conscience, et des remords. Ce que nous avons fait la dernière fois, c’était mal. Mais c’était surtout de ma faute. Il me fait peur, car il fait sortir ce qu’il y a de plus mauvais en moi. Même si je ne crois pas en Dieu, j’aspire à réprouver mes pulsions, ne serait-ce que pour me protéger du regard extérieur. Ezequiel se fiche éperdument des conséquences, même s’il veille à préserver une image de lui parfaite en toute circonstance. Il arrivera pourtant un jour où il commettra une erreur, et la chute sera douloureuse… pour nous deux, pour notre famille, pour notre amour.

Toutefois, pour le moment, c’est moi qui ai fauté. Ezequiel n’est pas du genre à partager. Possessif et jaloux à l’extrême, il est impensable que je puisse trouver du réconfort dans les bras de quelqu’un d’autre. Il ose même me regarder droit dans les yeux, me l’interdire, et retourner s’enfiler deux ou trois victimes. Alors j’ai voulu me venger, et j’ai rencontré quelqu’un. Ezequiel s’en ai mordu les doigts, mais ça ne l’a pas arrêté pour autant. Je n’ai jamais su ce qu’il s’était passé, ce qu’il lui avait fait pour l’obliger à me quitter et à partir. Toujours est-il que nous nous sommes perdus de vue, jusqu’à ce fameux soir au bord de la plage. Au son des banjos, je l’ai reconnu. Nos regards se sont croisés de nouveau et ses yeux d’opale m’ont charmé plus que de raison. Ses lèvres suaves ont parcouru mon corps une bonne partie de la nuit et je récoltais sur son torse le fruit de nos ébats. Cherchait-il à provoquer mon frère ou à assouvir un désir refoulé ? Je ne voulais pas savoir. Et à nouveau, mes craintes refirent surface lorsque j’émergeais d’un profond sommeil sur le sable chaud. Je n’étais pas rentré à la maison; Ezequiel allait littéralement péter un boulon.

Il était dix heures du matin, on était dimanche, et ni Ezequiel ni moi ne travaillons. La journée risquerait de s’annoncer longue et mouvementée. Je poussai la porte du foyer familial. Ma mère me sourit, si naturelle dans son peignoir fleurie. Je l’embrassai sur le front. J’en connais un qui s’est bien amusé hier soir. Elle me gratifia d’un autre sourire et baissa les yeux vers son café. Ton frère n’a pas dormi de la nuit. J’ai cru l’entendre pleurer, mais je n’en suis pas sûre. J’ouvris la bouche mais ma mère poursuivit. Continue de vivre ta vie Moisés, ne te focalise pas entièrement sur lui… Elle se leva, posa une main attentionnée sur mon épaule et sortit de la pièce. Mon regard craintif se posa sur les escaliers. À l’étage se trouvait notre chambre, notre sanctuaire, notre nid d’amour interdit. Même si je brûlais d’envie de le voir, j’étais rongé par les remords. J’avais atrocement peur de sa réaction.

À mesure que je montais les marches, mon cœur s’emballait. Je posai fébrilement ma main sur la poignée de porte et me décidai au bout de quelques minutes à entrer. Je pris soin de refermer délicatement derrière moi, tournant la clé dans la serrure. Je posai mon sac par terre, m’approchant ensuite de notre lit double de fortune, un matelas à même le sol. Je m’accroupis pour le regarder. Ezequiel se tenait là, assis sur le lit, appuyé contre le mur, les avant-bras posés sur ses genoux relevés. Son regard en disait long et il tremblait presque. Qu’il déchaine sa colère sur moi n’était plus qu’une question de secondes. Fermant les yeux, j’attendais la sentence, fébrile.


Dernière édition par Moisés Chavez le Mar 12 Mar - 16:52, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: insane love. (ft. ezequiel)   insane love. (ft. ezequiel) EmptyVen 8 Mar - 18:25

insane love. (ft. ezequiel) Tumblr_mj1en0OXO11s0wnsvo2_250

Lorsque Moisés n'était pas à portée de regard. Ezequiel se sentait défaillir. Et lorsqu'il ignorait exactement où se trouvait sa moitié, son caractère sombre et torturé se manifestait violemment. C'était plus fort que lui. Ça s'insinuait dans ses veines, comme un insidieux poison contre lequel il ne pouvait lutter. L'inquiétude, la colère, la frustration s'accumulaient dans son esprit. Comme un lion en cage, il s'agitait dans leur chambre commune, envoyant balader sur le sol les quelques bibelots qui trainaient dans la pièce. Il avait tenté d'appeler son frère un nombre incalculable de fois, lui laissant des messages agressifs, lui ordonnant de rappliquer et vite. Parce que Moisés lui appartenait. Son caractère possessif l'empêchait d'y voir réellement clair. Il détruisait avec un indéniable talent toutes les histoires sentimentales de son frère, il lui était impossible de supporter la présence d'une tierce personne dans leur relation si spéciale. Paradoxalement, Ezequiel s'autorisait quelques incartades, n'hésitant pas à s'envoyer en l'air avec des inconnus, mais ça n'allait jamais plus loin que de pur histoire d'un soir. Mais pour Moisés, il se montrait encore plus injuste, allant jusqu'à lui interdire d'entretenir une quelconque relation, persuadé qu'il lui échapperait. Leur relation se faisait de plus en plus bancale depuis qu'ils commençaient à franchir la ligne de l'ambiguïté. Ils avaient toujours été proche, mais ça n'avait jamais été aussi compliqué à gérer.

« Mon chéri, tu viens dîner ? » La voix de sa mère au travers de la porte de sa chambre l'extirpa de ses pensées. « On attend pas Moisés ? » Sa mère resta silencieuse, il n'insista pas, espérant échapper à son habituel discours moralisateur. Ezequiel finit par descendre quelques instants plus tard. Au milieu du repas, elle avait gentiment tenté de l'apaiser, lui expliquant que Moisés était grand et qu'il avait le droit de rentrer à l'heure qu'il le désirait. Sa mère ne comprenait rien à leur relation et il ne comptait pas lui expliquer quoique ce soit. Il se contenta de feindre l'apaisement, même si sa mère n'était pas dupe. Elle pouvait lire la détresse qu'il tentait de masquer dans son regard clair. Mieux valait qu'elle ne sache rien, Ezequiel restait persuadé qu'elle les ficherait dehors si elle apprenait ce qui se dessinait entre eux. Leur grand frère les frapperait pour tenter de les raisonner et la petite famille ne leur adresserait plus jamais la parole. « Je sais tout ça maman, je m'inquiète juste un peu pour lui, c'est tout. » souffla-t-il, s'efforçant d'effectuer le numéro classique du fils sage, du frère protecteur. Elle lui accorda un sourire et le laissa tranquille tout le long de la soirée, bien qu'elle était certaine qu'ils ne pouvaient se passer l'un de l'autre bien longtemps. Elle ne désirait que leur bonheur à tous les deux, selon elle cela passait également par quelques séparations, des expériences personnels sans la présence systématique de l'autre.

Maintenant qu'il était seul, plongé dans les ténèbres de sa chambre, Ezequiel ne simulait plus une fausse décontraction. Son corps était tendu, son visage tiré par un mélange de tristesse et de colère. Épuisé de faire les cents pas et de s'écorcher les mains contre les murs de plâtres, il s'allongea sur leur lit double, un simple matelas posé à terre. Il glissa instinctivement vers le côté qu'occupait son frère, appréciant son odeur. Il ferma les yeux et se laissa momentanément bercé par la douce idée qu'il était à ses côtés. Comme il l'était toujours. Une soirée sans lui, sans savoir ce qu'il faisait lui était insupportable. Ezequiel avait bien tenté de fumer plusieurs cigarettes pour se détendre, de s'enfiler la fin de la bouteille de tequila qu'ils cachaient sous un meuble, mais rien n'y faisait. Rien ne parvenait à combler le vide, l'immense manque que provoquait son absence. Le temps lui semblait s'étirer, les secondes s'écoulaient trop lentement. Il ne cessait de scruter son téléphone portable avec le mince espoir d'y voir un texto de Moisés. Mais rien. Et plus le temps s'écoulaient, plus le sentiment d'abandon obscurcissait sa vision. De bien sombre idées envahissaient son esprit alors qu'il songeait qu'un jour ou l'autre, Moisés s'éloignerait de lui. Un type parviendrait à l'attirer dans ses filets et qu'il n'aurait pas d'autre choix que de composer avec. Il se voyait, seul, abandonné, dans l'incapacité à gérer son absence. Une part de lui connaissait l'issu de cette sombre histoire, il tenta de l'ignorer.

Ezequiel passa sa soirée recroquevillé dans un coin, comme dans un état second. Il ne dormit pas de la nuit, passant d'un état de colère qui le faisait serrer les poings et mordre ses lèvres, une rage sourde l'envahissant. Puis, à la tristesse et les larmes qui en découlaient. La nuit blanche fut éprouvante, physiquement mais surtout psychologiquement. Lorsque le jour se leva, Ezequiel dut encore attendre. Et ce n'est que vers dix heures du matin qu'il sentit enfin sa présence. Le soulagement l'envahit, bien vite balayer par la colère sombre qui menaçait d'exploser d'un instant à l'autre. Les traces de sa nuit blanche était visible, ses traits fatigués, ses yeux rougis à force de pleurer, ses phalanges meurtrit à trop cogner contre les murs. Moisés poussa la porte de leur chambre, le regard coupable, il s'attendait déjà à une punition, à une explosion de son sale caractère et de toute sa frustration accumulée. Au lieu de ça, Ezequiel se redressa lentement, ses muscles endoloris le firent grimacer mais cela ne l'empêcha pas de faire un pas vers son double, avant de le prendre soudainement dans ses bras. Il le serra avec force contre lui, le coeur battant, savourant le simple fait de l'avoir enfin près de lui. Mais bien vite, une odeur étrangère vint gâcher l'instant. C'était subtile, mais Ezequiel connaissait son jumeau par coeur, ce parfum n'était pas le sien. Il pouvait presque sentir la présence de quelqu'un d'autre, l'imaginer contre la peau de Moisés, effleurant son épiderme. Son sang ne fit qu'un tour. Le soulagement disparut comme neige au soleil. Il se dégagea brutalement de l'étreinte et lui foutu une violente gifle qui rougit instantanément la joue de son frère. Sans ajouter un mot, il l'attrapa sans ménagement par le col de son tee-shirt et l’entraîna dans le couloir, direction la salle de bain dans laquelle il les enferma à double tour. Sans la moindre délicatesse, il se mit à déshabiller Moisés, commença par le tee-shirt mais perdit très vite patience. Il poussa son frère sous la douche, à demi nu, son pantalon baissé et son caleçon pour seul vêtement. Ezequiel tira sur le robinet, le pommeau de douche déversa une eau glaciale. L'aîné se mit à le savonner fébrilement, avec méthode. Le visage fermé et toujours silencieux, la déception se lisait sur son visage. Mais Ezequiel n'avait qu'une chose en tête, retirer cette horrible odeur, comme si cela l'aiderait à accepter que son frère s'était envoyé en l'air avec un abruti.
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MessageSujet: Re: insane love. (ft. ezequiel)   insane love. (ft. ezequiel) EmptyDim 10 Mar - 4:31

Devant lui, je perdais de nouveau tous mes moyens. Moi qui étais si déterminé à lui tenir tête une bonne fois pour toutes, j’avais succombé au charme ravageur de ses yeux gris-bleus. Cette fois-ci, ce n’était plus de la passion que je lisais dans ses deux billes colorées mais bien de la tristesse. Je ne m’étais pas rendu compte à quel point j’avais pu le heurter par mon absence. Même si j’étais parfaitement conscient de tous ces sentiments qu’il éprouvait à mon égard, je pensais que son caractère fort et son moral à toute épreuve l’empêcheraient de se montrer vulnérable. Et jusqu’alors stressé et crispé, mes muscles se relâchèrent complètement, comme pour souligner ma rédemption, mon abandon à ses moindres désirs. Je baissais les armes, je me raccrochais à son amour. Le sentiment de culpabilité s’insinua davantage en moi, des frissons me courbant l’échine tant j’avais honte de moi. Le poids des regrets était trop lourd à porter en cet instant présent. Je voulais ouvrir la bouche, je voulais tout lui avouer, mais je ne m’en sentais pas capable. Ou du moins, je me persuadais de ne pas le faire souffrir davantage. Je savais pourtant qu’il finirait tôt ou tard par l’apprendre de lui-même. Simplement, je ne pensais pas que ce moment arriverait plus vite que prévu.

Accroupi face à lui, les yeux rivés vers le bas, je n’osais plus le regarder. Je sentais son observation, il m’inspectait visuellement, tentant peut-être de deviner où j’avais passé la nuit. Quelle ne fut pas ma surprise lorsqu’il daigna bouger tant bien que mal un muscle pour s’approcher de moi. D’un geste imprévisible et presque impensable dans ce contexte, je me retrouvai subitement étreint par celui que j’avais blessé. La respiration que je retenais s’échappa aussitôt, insufflant de nouveau la vie en notre couple si spécial. Mes timides mains — encore chaudes de l’exposition au soleil mexicain — s’aventurèrent avec délicatesse sous son tee-shirt pour venir caresser son dos. Sa peau, si douce, m’avait tant manqué. Il m’avait tant manqué. Jamais je n’aurai dû faire une telle chose. Jamais je n’aurai dû le trahir comme je l’avais fait. Et même s’il s’évertuait à me faire du mal avec ses incartades charnelles, ce n’était rien comparé à la souffrance que je lui faisais endurer. Lui s’adonnait aux plaisirs de la chair; moi j’accordais de l’importance à l’affection et à la personne en elle-même. J’étais cruel. J’étais un monstre. Et plus je pensais à ce que j’avais fait la nuit dernière, plus mon être tremblait. Chaque infime parcelle de mon corps se mit à trembler. Les larmes me montaient aux yeux, j’avais la gorge nouée et l’estomac retourné. L’étreinte aurait naturellement dû m’apaiser, mais la pression des bras d’Ezequiel autour de moi s’accentuait. Nous nous relevâmes tous deux d’un bond, et je fis instinctivement un pas en arrière. Nos regards se croisèrent une fraction de seconde et je perçus le dégoût dans le sien. Sans crier gare, une gifle monumentale vint presque me déboiter la mâchoire, à tel point que ma tête fit un mouvement de côté. Ma joue se mit à rougir aussitôt, et je gardai quelques instants cette position, les paupières closes. Quelques larmes coulèrent avant que je ne daigne le regarder de nouveau dans les yeux. Son expression n’avait pas changé, ou peut-être pouvais-je percevoir à présent de la colère. Il finit par m’agripper le col, m’entraînant sans ménagement dans le couloir puis dans la salle de bains qu’il ferma à clé. Ezequiel avait perdu toute part de délicatesse lorsqu’il s’approcha de moi. Inerte, abasourdi et fatigué, je me laissai manipuler selon ses désirs. Les larmes continuaient de ruisseler sur mes joues à mesure qu’il tentait de me déshabiller. Dans la précipitation, il déchira quelque peu mon tee-shirt et m’ouvrit la lèvre en me mettant un coup sûrement involontaire. Je ne cillai pas, je ne voulais plus réagir. Ezequiel perdit vite patience et m’accula dans la douche. Mon regard se posa sur mon corps et je remarquai que j’étais à demi-nu, le pantalon baissé, avec pour seul autre vêtement mon caleçon. L’eau glaciale déferla sur moi telle des centaines d’aiguilles qui me transperçaient la peau. La différence de température me fit tourner la tête, si bien que j’en perdis presque l’équilibre. Je tâchai de me retenir contre les parois; la vision brouillée et les oreilles bourdonnantes n’arrangeaient rien. Je sentis bientôt les efforts acharnés d’Ezequiel pour savonner mon corps. Il n’y avait aucune délicatesse dans ses mouvements si méthodiques. Dans ces moments-là, je le détestais du plus profond de mon âme. Ce psychopathe perdait la boule. Fous-moi la paix bordel de merde, sanglotai-je avant de me laisser glisser sur le sol. Laisse-moi tranquille… Ma lèvre meurtrie abandonnait de temps à autre des petites perles rougeâtres colorant quelque peu l’eau qui finissait par s’évacuer. Mes pleurs ne cessaient plus, j’étais pris de spasmes. Je n’avais qu’une envie, c’était de disparaitre, d’échapper à cette situation démente. Car au bout du compte, on s’aimait si fort qu’on en souffrait…
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MessageSujet: Re: insane love. (ft. ezequiel)   insane love. (ft. ezequiel) EmptyMar 12 Mar - 15:43

Parfois, Ezequiel se laissait envahir par ses démons. Ces crises étaient d'intensité variable et c'était souvent Moisés qui se retrouvait obligé de composer avec le caractère instable de son frère. La plupart du temps, l'aîné de quelques minutes parvenait à se contrôler, à retenir au maximum la part sombre de son être. Mais certain jour, rien ne pouvait endiguer la vague de paranoïa qui l'envahissait. Malheureusement, ce jour là, rien ne semblait l'arrêter. Cette odeur insidieuse qui collait à la peau de son frère le rendait fou. Il pouvait s'imaginer en détail la nuit qu'il avait du passer, le corps de son double enlacé par un autre, touché par un autre, embrassé par un autre. Tout ça lui donnait envie de tout détruire sur son passage, d'exploser la gueule du connard qui avait osé souiller son frère. Moisés n'avait pas son détachement pour les histoires charnelles, Ezequiel prenait son pied et jetait ses partenaires, tout simplement. Et il n'y avait eut aucune exception. Pour son jumeau, les sentiments n'étaient jamais loin, il ne se donnait pas à n'importe qui, n'importe quand. Qu'une tierce personne s'immisce dans leur lien si spécial le mettait hors de lui. Sa possessivité l'empêchait de voir les choses autrement, aveuglait son jugement.

Le visage fermé, Ezequiel frottait avec minutie la peau de son frère, le moindre centimètre carré de son épiderme. Il lui faisait mal à frotter son dos comme un possédé, à frictionner sa peau avec force, s'évertuant à chasser cette odeur qui lui semblait insupportable. Mais c'était la seule façon d'effacer toute cette horrible histoire. Le parfum du savon emplissait la pièce, l'eau glacée coulait toujours sur son frère. Moisés était tendu, sur le point de craquer. Ezequiel choisit de l'ignorer. Une chose à la fois, son double ne s'en sortirait pas aussi facilement. Tout cela n'était que le point de départ d'un long processus où Ezequiel allait devoir s'assurer qu'il lui avait encore un minimum de contrôle. Parviendrait-il à le garder prêt de lui bien longtemps ? Moisés lui obéissait aux doigts et à l'oeil, avant. Mais son ascendant sur lui déclinait de jour en jour. Cet événement en était une belle preuve.

La voix suppliante de son frère stoppa un instant ses gestes. Le coeur battant, il l'observa glisser le long de la paroi de la douche. Il suivit son mouvement instinctivement et s'accroupit face à Moisés, ne le quittant pas une seconde du regard. Il le détailla un instant, le sang qui perlait au coin de ses lèvres ne fut pas suffisant pour lui faire chasser toutes ces images qui hantaient son esprit. Impossible de s'arracher à ses pensées. Parce qu'il était devant le fait accomplit, que c'était son frère qu'un type avait baisé, ce corps à peine sortie de l'adolescence qui se découvrait partiellement sous ses yeux. Le laisser tranquille ? Il pensait vraiment qu'il s'en sortirait de cette façon, que ces larmes parviendraient à calmer sa fureur ?

« Bordel de merde Moisés ! J'ai pas dormi de la nuit, j'me suis inquiété pour toi ! Et toi, tu t'es envoyé en l'air ? J'suis sensé réagir comment putain, dis le moi … J'dois faire comme si de rien n'était, c'est ça ? Tu sais très bien que je ne supporte pas ça. Que je t'ai même interdit de le faire ! » hurla Ezequiel, tapant du poing contre la paroi de la douche. Leur mère ne tarda pas à se manifester. Il entendit ses bruits de pas traverser le petit couloir de leur appartement. Elle tenta d'ouvrir la porte de la salle de bain, sans succès, s'inquiétant pour le plus jeune de ses fils.

« Cessez de vous chamailler tous les deux … s'il vous plait. »
« Oui, maman. » répondit machinalement Ezequiel d'une voix étonnamment calme.

Elle resta un instant derrière la porte, l'oreille aux aguets. Ce ne fut que lorsqu'elle s'éloigna que l'aîné reprit son air sombre et agressif. Il se laissa tomber près de son frère, juste en face de lui, ses jambes entrelacées dans les siennes. De l'eau glaciale s'écoulait sur son pantalon, il ne s'en préoccupait pas vraiment, trop occuper à sonder son frère de son regard froid. Il ne tarda pas à ouvrir la bouche à nouveau, reprenant sa tirade moralisatrice. Il continua d'une voix moins forte, mais d'un ton toujours aussi acide. « Alors racontes moi Moisés … ce type en valait la peine, oui ou non ? T'as prit ton pied ? Il t'a baisé correctement, hein ? Et puis, il t'a bien défoncé j'imagine. J'espère que tu es satisfait … »

Ezequiel eut un drôle de rictus, un mélange étrange entre grimace de dégout et sourire sadique. Un frisson le parcourut. Dire ces atrocités les rendaient encore plus réelles, plus insupportable encore. Il était en colère, son visage tendu exprimait sans l'ombre d'un doute le torrent de sentiments qui le traversait. Comme la tristesse et son envie de pleurer, contre laquelle il luttait depuis que Moisés était dans les parages.
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MessageSujet: Re: insane love. (ft. ezequiel)   insane love. (ft. ezequiel) EmptyMar 12 Mar - 16:34



C’était le comble tout de même, qu’Ezequiel réagisse ainsi au fait que j’aie succombé au plaisir charnel avec un autre, alors que lui s’envoie en l’air tous les quatre matins. Des inconnus en plus. De vulgaires pantins dans lesquels il déversait sa semence avant de les relâcher, non sans indifférence. Je me demandais vraiment si Ezequiel en avait quelque chose à faire des sentiments, s’il avait encore une part d’humanité en lui. Car oui, au fil des années, à observer la dérive lente de mon frère, j’étais venu à me demander s’il n’était pas devenu totalement taré. Déjà tout petit il prenait un malin plaisir à faire souffrir les autres, ne serait-ce que par pur égoïsme ou par pur arrivisme. Aucun de ses actes n’était dicté par la sincérité. Jamais il ne lui arrivait d’être gentil. Du moins, je ne l’avais jamais vu agir ainsi. Avec moi, c’était certes différent, mais ça n’était pas comme avec une autre personne normalement constituée. Même si à de rares occasions il faisait preuve de tendresse, cette dernière n’en restait pas moins retenue et surtout intimidante. Il avait cette façon de m’enlacer avec vigueur, m’emprisonnant dans ses bras finement sculptés. Je ne me sentais pas aimé dans ces moments-là, je me sentais captif. Captif non pas d’un amour impossible, mais captif d’un égoïsme sans borgne où la possessivité et la jalousie maladive faisaient lois. C’est une différence que j’avais noté lorsque j’ai passé cette nuit avec l’apollon. La tendresse qu’il m’accordait me faisait frissonner de plaisir. Elle emplissait mon cœur d’une joie incommensurable, que je n’avais jamais ressenti jusqu’alors. La relation que j’entretenais actuellement avec Ezequiel n’arrivait pas à la cheville de ce que je venais de vivre, tout simplement.

L’eau glacée continuait de couler sur ma tête, se déversant sur mon torse nu et sur mon caleçon. Agacé par la position assise et ma tenue, je retirai avec peine mes espadrilles et le reste de mon pantalon. J’étais à présent à demi-nu sous le jet. Ezequiel continuait de me fixer de ses deux billes colorées, son regard noir me faisant fléchir le chef. Je regardai le sol de la douche à mesure qu’il déversait sa colère sur moi, son poing rejoignant bientôt avec force l’une des parois de la douche. J’avais l’impression de me sentir comme un chien qu’on engueulait après une connerie. Mais merde, j’étais un être humain ! Cessez de vous chamailler tous les deux… s’il vous plaît. De derrière la porte verrouillée de la salle de bains, ma mère interrompit mon jumeau dans sa tirade moralisatrice. Je soupirai intérieurement de soulagement… jusqu’à ce qu’elle finisse par quitter le couloir, sûrement rassurée par la réponse au ton si faussement calme d’Ezequiel. J’étais à nouveau seul avec ce frère qui se faisait geôlier le temps d’une matinée. Il se laissa glisser à son tour, entrelaçant ses jambes dans les miennes. Lui aussi devenait aussi trempé que moi sous le jet d’eau glacée. Tu m’étonneras toujours, c’est dingue à quel point tu excelles dans l’art de jouer la comédie… sifflai-je entre mes dents, agacé. Il m’observa une nouvelle fois, silencieusement. J’en profitai pour répondre à quelques-unes de ses interrogations. Tu es censé réagir comme Chus l’aurait fait : me foutre la paix. Qu’est-ce que t’en as à carrer de ce que je peux bien faire sans toi ? Merde à la fin, j’en ai ras le bol de me sentir emprisonné dans tes griffes de pervers psychotique. Tu me gaves, tu comprends ça ?! TU. ME. SAOÛLES. Je lui crachai toute ma rancœur au visage. Derrière ces mots, je cachais mon véritable mal-être; je ne supportais plus de le voir virevolter à droite et à gauche, tantôt dans les bras d’une Eve, tantôt dans les bras d’un Adam, pendant que j’étais cloitré à ne rien faire par moi-même. Qui plus est, ses provocations insultantes sur la nuit passée avec mon amant ne m’encourageaient pas à le ménager. Jusqu’alors, je n’avais jamais osé lui tenir tête. C’était bien la première fois que je l’ouvrais, et je ne savais pas encore à quel point ma réaction le perturbait. S’il ne me témoignait pas davantage d’intérêt et d’affection, il allait me perdre.

Je ne m’en étais pas cru capable, mais ma main fusa avec rage jusqu’à son visage, le giflant aussi violemment qu’il l’avait fait avec moi dans la chambre. Ça te plait de me pousser à bout ? Tu aimerais que je te raconte tout en détails ? Navré mais je ne partagerai pas ce moment magique et intense avec toi. Quel genre de mec raconterait sa première fois à son frère, hein ? Les hostilités avaient été lancées, j’avais osé mettre des mots sur ce que je venais de vivre cette nuit. En réalité, même si j’avais pris mon pied, je n’avais aucune autre expérience pour faire la comparaison. De mon point de vue ainsi limité, je voyais en cette relation charnelle l’extase totale. En ce qui me concerne, j’en ai rien à foutre de savoir où tu fourres ton lézard. Sur la fin de ma phrase piquante, mon ton s’était fait moins virulent et j’avais même baissé le regard alors que je le fixais droit dans les yeux jusqu’alors. Pourquoi tu réagis comme ça ? Demandai-je calmement, sans pour autant relever la tête vers lui.


Dernière édition par Moisés Chavez le Mar 12 Mar - 19:57, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: insane love. (ft. ezequiel)   insane love. (ft. ezequiel) EmptyMar 12 Mar - 18:48

Tout était tellement plus simple quand ils étaient gamins. Les jumeaux se complétaient parfaitement, ils n'avaient besoin de rien ni personne. La seule présence de l'autre suffisait à leur bonheur. Ils passaient tout leur temps ensemble, la moindre seconde l'un sans l'autre les plongeaient dans une profonde angoisse. Ils partageaient tout, vivaient tout ensemble, s'appartenaient mutuellement l'un à l'autre, formant une seule et même entité. Plus que proche, on les confondait souvent et ils cultivaient volontiers leur similarité. Cette époque lui semblait lointaine, comme si elle appartenait à une existence qui n'était pas la sienne. En grandissant, leur caractère respectif s'affirmait, l'adolescence ne les laissa pas indemne. Ezequiel devint complexe, tordu. Moisés, lui, désirait voler de ses propres ailes, grignotait petit à petit son indépendance. L'obtenant morceau par morceau, au grand dam de son frère. Aujourd'hui, ils en étaient là. A se prendre la tête pour des conneries. Pour Ezequiel, son frère commettait le pire des affronts : lui tenir tête. En dix neuf ans de vie commune, c'était bien la première fois que le cadet osait faire une telle chose. Ses paroles le blessèrent, il ne put rester de marbre bien longtemps, la déception se lisait sur son visage tendu. Il aurait voulu l'enfermer, le garder rien que pour lui et éviter ainsi de le voir s'éloigner de lui.
C'était stupide. Lui qui couchait avec tout Cancùn sans aucun état d'âme, disparaissait en pleine nuit pour tirer un coup vite fait bien fait, laissant son frère en plan sans la moindre culpabilité. Ezquiel était mal placé pour lui faire la leçon ou lui reprocher quoique ce soit. Sa possessivité l'empêchait de voir les choses rationnellement. Ses incartades lui semblaient moindre à côté de celle de Moisés, parce qu'il n'y avait jamais de sentiment. Son esprit tordu imaginait déjà son frère raide dingue de quelqu'un d'autre, rompant définitivement le lien qui les unissait. C'était sans doute la chose qui le terrorisait le plus au monde.

Il ne s'y était pas du tout attendu à la brusque gifle que son double lui donna. Le coup de Moisés lui serra le coeur, la douleur physique semblait douce à côté de la peine qui l'envahissait. Ils étaient quitte. Il se massa lentement la mâchoire, fusillant du regard son double qui se rebellait sous ses yeux, osait lui tenir tête. Il aurait du se sentir fier de voir Moisés s'affirmer, mais ses mots blessants balayèrent ses pensées. Il n'y avait plus que de la place pour sa peine. Comme un couteau que Moisés venait de planter brusquement dans son coeur, il s'amusait à le faire tourner, en rajoutant une couche, déclarant avoir passé un moment magique, intense. La blessure lui semblait béante, Ezequiel avait une envie de vomir, d'hurler, de pleurer et tout ça en même temps. Il détourna le regard, complètement déboussolé par les paroles de son frère. Instinctivement, il se recula, parce qu'avec Moisés il n'arrivait jamais à faire semblant, à quoi bon lui faire croire qu'il parvenait à encaisser tout ça. Une expression froide et distante s'empara de son visage. Il enregistra la moindre des expressions de son frère, bien qu'il l'observait du coin de l'oeil, rien ne lui échappa. Méthodique, Ezequiel comptait bien découvrir l'identité de l'homme avec qui Moisés avait eut sa première fois. Parce qu'il comptait bien lui casser la gueule, tôt ou tard. Il se rendait compte à quel point son frère était secret la dessus, eux qui partageaient tout, avant. L'ultime question de son frère le laissa pensif, il posa son regard sur lui, à nouveau.

« Parce que je ne peux pas me passer de toi. » souffla-t-il. Sa voix ne laissait pas la place à la moindre hésitation. Il était sérieux et il n'y avait pas de piège ou un quelconque sous entendu derrière tout ça. Son attachement le poussait à faire n'importe quoi, l'aveuglait. Mais une chose était immuable. Sans Moisés, il n'était plus rien. Cet instant d'accalmie ou Ezequiel semblait apaisé ne dura pas longtemps. Une toute expression naquit dans ses yeux, Moisés dut comprendre instantanément qu'il tentait de renverser la situation à son avantage, ressortant leur éternel jeu cap ou pas cap du tiroir. Son regard le trahissait toujours et Moisés pouvait y lire comme dans un livre ouvert.

« Tu vas effacer son numéro et ne plus jamais lui parler. » exigea Ezequiel à Moisés, ne laissant pas la moindre place à toute tentative de négociation.


Dernière édition par Ezequiel Chavez le Mar 12 Mar - 21:11, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: insane love. (ft. ezequiel)   insane love. (ft. ezequiel) EmptyMar 12 Mar - 20:36

Cette situation commençait à devenir grotesque et insupportable. Je ne me reconnaissais plus. Je n’avais jamais agi comme ça auparavant. Avant la tournure qu’a prise notre relation, il ne me serait jamais venu à l’idée de blesser Ezequiel ou de lui tenir tête. Maintenant, la seule pensée qui stagnait dans mon esprit était de lui faire manger la poussière. Je serrais les dents pour ne pas m’énerver davantage. Je ne voulais pas sortir de mes gonds. J’avais l’impression que c’était ce qu’il cherchait à tout prix; tester mes limites et voir jusqu’où je serai capable d’aller, comme pour le jeu du cap ou pas cap. Un frisson me parcourut l’échine à force de ressasser le souvenir du baiser. C’était sûrement dû à cette satanée flotte glacée qui déferlait sur nos corps. Je n’avais pas envie de me dire qu’il s’agissait peut-être là d’une pointe d’excitation. Est-ce que j’avais envie de recommencer ? J’en savais foutrement rien. Est-ce que j’avais envie de continuer à lutter ? Oui. Je suis quelqu’un de bon. Je ne suis pas pieu, mais ça me rassure de me dire que je finirais peut-être pas en Enfer si j’évite de faire des trucs immoraux de ce genre. La peur de l’inconnu me paralyse à tel point que j’en viens à penser des conneries pareilles. Si Ezequiel m’entendait penser, il me foutrait une bonne trempe. Dieu et lui, ça fait deux. Et à vrai dire, Dieu, j’en avais rien à carrer non plus jusqu’à maintenant… Affronter la réalité et arrêter de se chercher des excuses, c’était ce que j’avais de mieux à faire.

Mon regard restait rivé sur le sol de la douche. J’avais mal dormi sur la plage, et même si le sable était encore chaud au petit matin, c’était pas aussi confortable qu’un lit — et encore, notre paillasse c’était pas le grand luxe. Ma nuque me faisait souffrir et je finis par relever le chef pour l’appuyer contre la paroi de la douche. Le jet d’eau gelée éclaboussait mes jambes et le pantalon d’Ezequiel. Il faisait barrière entre mon frère et moi, formant un voile légèrement opaque qui m’empêchait de voir toute la fureur et toute la déception dans son regard. Pour autant, puisqu’il fallait affronter la réalité, je me décidai à déplacer quelque peu ma tête sur le côté pour le fixer. Je plongeai mon regard dans le sien. Après la gifle monumentale que je venais de lui coller, il se massait la mâchoire et n’avait pas l’air de vouloir physiquement riposter. Seulement, Ezequiel n’eut pas la réaction que j’attendais. Au lieu de me pousser encore à bout, il décida tout simplement de reculer. Ce mouvement, pourtant si anodin, me frappa. Il n’arrivait pas à encaisser ce que je venais de lui déballer. Un soupçon de culpabilité et de remord s’insinua en moi tel un poison. Lentement, ce venin atteignit mon cœur qui, je le crus sur le moment, allait imploser. Aussitôt, mes yeux se remplirent de larmes sans qu’elles ne parviennent toutefois à s’échapper. Me mordant les joues, j’arrivais à les retenir. J’arrivais à empêcher mes vannes lacrymales de céder. Céder… Je songeais à céder. Céder à mon Ezequiel. Implorer son pardon. Satisfaire le moindre de ses désirs. Et lorsqu’il répondit à mon interrogation, lorsqu’il m’avoua pourquoi il réagissait ainsi, je compris. Je compris que tout ça n’était pas un jeu pour lui, comme je le pensais jusqu’à maintenant. Je compris qu’en plus de l’amour fraternel se cachaient de véritables sentiments. Cette fois, je ne pouvais plus résister, et des larmes ruisselèrent sur mes joues. Larmes qui se confondaient aisément avec les gouttelettes du jet d’eau aux yeux d’Ezequiel. Me relevant, je tournai le robinet pour le couper. Je me laissai tomber sur le sol de la douche, à genoux, posant mes mains sur les hanches de mon frère. Je m’apprêtais à l’enlacer quand l’expression d’apaisement disparut de son visage. Je fis un mouvement de recul avant de me lever et de sortir de la douche, tâchant de tourner le dos à mon double. Cette fois-ci, mes larmes étaient visibles, je ne les dissimulais plus. À la tristesse vint s’ajouter l’appréhension, et la colère. Ezequiel ne pouvait s’empêcher de reprendre le dessus. Le jeu du cap ou pas cap reprenait aussi vigoureusement qu’il s’était terminé. Faisant volte-face, mon visage était déformé par les pleurs. Je pointai mon index dans sa direction avec virulence. T’as pas le droit de me faire ça. Pourquoi tu me fais du mal, hein ?! Pourquoi ?! Tu sais bien que je pourrais jamais t’abandonner, et c’est ça qui me tue. Je suis tout à toi… Je m’effondrai à genoux sur le carrelage bleuté de la salle de bains, le regard dans le vide. Tout à toi… alors que toi t’es un putain de branleur qui change de partenaire comme de chemise… soufflai-je, épuisé par cette situation. Moi aussi, j’aimerais que tu ne sois qu’à moi. Et ça, tu l’as pas encore saisi.
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MessageSujet: Re: insane love. (ft. ezequiel)   insane love. (ft. ezequiel) EmptyMer 13 Mar - 21:50

Un pas en avant, dix pas en arrière. La situation était absurde, comme s'ils ne vivaient plus sur le même rythme, chacun jouant sa partition de son côté. La communication était difficile, voir impossible. Où était passé leur complicité d'antan ? Ce lien particulier qui faisait pleurer l'un, alors que c'était l'autre qui était tombé de la balançoire. Quand l'un finissait la phrase de l'autre, effectuait avec une étonnante similarité les mêmes gestes, les mêmes façons de se comporter. Toutes ces fois où ils parvenaient à devenir une seule et même personne, partageant le même sang, la même âme, les mêmes pensées. Jamais il n'aurait cru un jour douter de tout ça. Perdre tout cela lui était insupportable, il ne pouvait pas voir leur lien se dénouer et rester sans rien faire. Sans doute qu'il ne choisissait pas les armes adéquates pour cette bataille de longue haleine, mais c'était tout ce que son cerveau torturé avait trouvé pour tenir encore un peu son frère près de lui. Ce jour là, son double s'était envoyé en l'air, c'était comme s'il l'avait un peu perdu. Ce type avait volé une part de son frère et un peu plus chaque jour, il s'éloignait de lui. Ezequiel avait joué la carte de la sincérité. L'espace d'un instant, il ne cherchait plus à avoir le dessus sur Moisés. Lui expliquant la stricte vérité, se mettant à nu, ouvrant son âme torturée. Son frère semblait y être sensible, son regard embué de larmes parlait pour lui. Ezequiel sentait qu'il était prêt à céder, à implorer son pardon. Mais était-ce ce réellement ce que l'aîné voulait ? Il ignorait la réponse à cette question, même en fouillant au plus profond de son être. Ce qu'il ne voulait pas lui semblait clair comme de l'eau de roche, ses désirs, eux, restaient flous, insaisissables. Comme cette eau qui coulaient inlassablement sur les jumeaux. Le tissus de son jean était trempé, il imaginait déjà la tête de leur mère si elle le voyait dans cet état.
Un soupir s'échappa de ses lèvres. Chassez le naturel, il reviendra au galop, tôt ou tard. Le pardon de Moisés n'était pas suffisant, ce n'était pas ce qu'il désirait, Ezequiel le savait très bien. Au lieu de le prendre dans ses bras pour sécher ses larmes, il se mit à exiger, à ordonner, utilisant le prétexte de leur jeu pour parvenir à ses fins. Les mains de Moisés qui effleuraient ses hanches se ravisèrent aussitôt, son frère se redressa et laissa sa peine s'exprimer. Ses mots lui déchirèrent le coeur, mais Ezequiel resta de marbre, toujours furieux, espérant que son frère lui obéisse, en vain. Encore une fois, la colère l'aveuglait. Il restait persuadé que Moisés était raide dingue du type qui l'avait dépucelé et que malgré ses belles paroles, il ne s'en détacherait pas aussi facilement.

Ezequiel se releva lentement et glissa vers son frère, il s'assit en face de lui et attrapa ses mains. Il l'observa en détail, ses yeux inquisiteurs ne loupant aucun détails. De ses traits fins, en passant par son visage à peine sortie de l'adolescence, ses yeux clairs si expressifs qui laissaient un torrent de larmes s'échapper sur ses joues … et ses lèvres, ses lèvres … Une image fugace lui vint à l'esprit, se rappelant de ce fameux jour ils s'étaient embrassés, partageant un instant simple, sincère. Il ne s'était jamais sentit aussi vivant qu'à cet instant. Comme s'il revenait en arrière et qu'ils faisaient de nouveau qu'un. Ils n'avaient jamais renouvelé l'expérience, Ezequiel soupçonnait Moisés de tout faire pour l'énerver et ainsi échapper à la confrontation. Comme s'il avait enterrer l'évènement dans un coin de son esprit. Mais ils ne pouvaient pas faire comme si de rien n'était bien longtemps. Les deux avaient apprécié le moment, s'étaient délectés des lèvres de l'autre, flirtant avec un interdit plus que stimulant.
Il caressa la main de son frère du bout des doigts, son pouce effleurant doucement sa peau. Il ne le quitta pas des yeux une seule seconde, s'évertuant à chasser la colère, à reprendre le contrôle sur ses émotions. Il finit par rompre le silence, un air plus tranquille l'envahissait.

« Parfois, j'ai besoin que tu me le prouves Moisés, tu le sais très bien. » dit-il avec sérieux. Ezequiel s'avança doucement, passant ses jambes autour de son frère. Il s'approcha de lui et posa une main sur ses hanches, l'autre essuya ses larmes d'un geste tendre. Difficile de traduire l'expression d'Ezequiel à cet instant, il paraissait sincère, mais il était clair qu'il avait une idée derrière la tête, comme toujours. Il glissa une main sur la nuque de son frère et progressivement, l'aîné approcha son visage du cadet. Son front contre celui de Moisés, il sentait sa respiration effleurer ses lèvres d'un souffle régulier. Une tension étrange semblait envahir la pièce, Ezequiel eut un mouvement imperceptible, ses lèvres effleuraient presque celle de son frère. « Si tu es tout à moi alors … pourquoi tu ne fais pas ce que je te demande ? » murmura-t-il d'une voix douce. « Tu as juste un numéro à effacer, un type à ne plus voir et puis … tu pourras me demander tout ce que tu veux. »
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MessageSujet: Re: insane love. (ft. ezequiel)   insane love. (ft. ezequiel) EmptyVen 15 Mar - 19:25

Agenouillé dans la salle de bains, à demi-nu, j’étais trempé jusqu’aux os. Le carrelage bleuté me frigorifiait encore davantage mais je n’en avais cure. À vrai dire, je me sentais vidé, ailleurs, complètement dépassé par les évènements. Je ne savais plus comment réagir avec Ezequiel. S’il m’avait pris de le tacler et de lui tenir tête une demi-heure avant, je n’avais déjà plus la force de lutter contre lui. J’avais l’impression qu’il avait toujours un coup d’avance, qu’il gardait sournoisement cachées ses cartes à jouer avant de les abattre méthodiquement au moment propice. Et il venait littéralement de me mettre à genoux. Le regard rivé vers le sol, je ne souhaitais plus affronter le sien. Je ne voulais pas y lire sa détresse, son dégoût et sa déception… C’était un sentiment atroce que de se sentir détesté le temps d’un instant par la chair de sa chair, surtout lorsqu’il s’agissait physiologiquement de votre double. Je pouvais aisément comprendre sa réaction; lui qui avait toujours eu l’ascendant sur moi, il n’avait pas supporté ma rébellion éclair. Car il fallait l’avouer, sur ce coup, je n’avais pas eu les couilles de continuer. Mon changement de comportement devait le perturber, et c’était en partie pour ça que je culpabilisais. Je culpabilisais de le faire souffrir. Au final, avais-je le droit de vivre ma vie sans lui alors que pendant dix-neuf années consécutives, nous avions partagé les mêmes choses, et ce, chaque minute de notre existence ? Jadis, il ne se passait pas une seule seconde sans que nous fussions accrochés l’un à l’autre. Notre mère avait beau avoir remué ciel et terre pour nous faire prendre notre indépendance respective, elle n’eut jamais la satisfaction d’avoir réussi.

Ezequiel n’était rien d’autre que l’homme de ma vie. Il était moi et j’étais lui. Et cette révélation me faisait peur. Je n’avais pas envie de devenir aussi froid et calculateur que lui. Je n’avais pas envie de perdre toute foi en l’humanité. Je n’avais pas envie de devenir un monstre. Mais après tout, peut-être y étais-je condamné… Et c’est lorsqu’il m’agrippa de sa main par la nuque et qu’il approcha son visage du mien que je sentis à nouveau cette palpitation étrange, ces picotements et ces papillons dans le bas-ventre. Les paupières closes, la respiration haletante, j’essayai tant bien que mal de chasser de mon esprit les images passées de notre langoureux baiser. Le repousser, lui faire mal, ce fut la seule solution que j’avais trouvé pour ne pas devoir affronter la réalité des choses, cette réalité qui me terrifiait. Enterrer cet évènement immoral dans un coin de mon esprit avait fonctionné quelques jours, mais Ezequiel venait de briser toutes mes barrières en un geste. Et pour seule réponse, mon corps sembla se relâcher complètement. Mon jumeau devait sentir que la résistance qui tiraillait ma nuque au contact de sa main s’était envolée. Un soupir de soulagement s’était échappé d’entre mes lèvres juvéniles et mes mains s’étaient naturellement glissées sur ses cuisses. Pour autant, je n’ouvrais pas les yeux. Pas encore. J’ai peur… soufflai-je dans un murmure tremblant. J’ai peur de ce qu’on puisse oser faire quand on est que tous les deux. Ma voix était parfois saccadée par quelques sanglots alors que celle de mon double était devenue étrangement douce. On s’est pas échangé nos numéros, je l’avais déjà effacé… à l’époque. J’étais effrayé par sa future réaction. Mais il devait savoir. Il devait savoir que ce garçon n’était pas un inconnu, mais bel et bien mon ancien amour de jeunesse, celui qu’Ezequiel s’était évertué à briser. J’ouvrai finalement les yeux, rougis par les pleurs, pour planter mon regard anéanti dans celui de mon frère. C’était lui. Avais-je fini par lâcher, une crise de larmes reprenant de plus belle. C’en était terminé de mon existence, Ezequiel allait certainement m’abattre sur place. Dans un geste désespéré, je portai mes mains à son visage et agrippai ses joues. Pardonne-moi, j’t’en supplie…
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