△ don't you remember
Comme toujours, son père avait fait le mauvais choix, et maintenant il était mort… Mais à bien y réfléchir, c’était inévitable, ce mec là n’avait jamais pris ses responsabilités. C’est bien simple, sa femme l’avait quitté il y avait maintenant 12 ans de cela. Mais bon, elle devait avoir un peu le même symptôme d’irresponsabilité que lui, car elle avait alors laissé ses deux petites filles, dont la petite de 8 mois.
« C’est ici que vous aller vivre à présent… avec nous. » Deli’ leva son minois affligé de chagrin vers l’oncle Zakary qu’elle avait redécouvert la veille. Elle avait beau ne l’avoir côtoyé que peu, elle se souvenait encore de son regard bienveillant et de ses traits marqués. Il ressemblait beaucoup à son père à elle, physiquement du moins. Car son cœur lui était bien différent. Devant le regard lourd de sa nièce, Zakary poussa un petit soupir et lui posa une main chaleureuse sur l’épaule. Elle sursauta à son contact, mais au final, Deli’ se détendit rapidement. Nul besoin à présent d’être sur ses gardes, papa était parti… Il avait choisit l’alcool, et l’alcool l’avant emporté. Devant le sourire sympathique de son oncle, la petite ne résista pas longtemps et lui en rendit un peu crédible, mais c’était tout ce don elle était capable pour le moment.
« Ne t’inquiète pas comme ça Deli’ ! Ici tout vas bien. Vos cousines ont vraiment hâte de vous montrer la cabane… » Là, il attisait la curiosité d’Astoria.
« Ah oui ? On peu monter dedans ? » Elle avait trois ans de plus que Deli’, et même si elle souffrait d’avantage que sa petite sœur, Asty’ avait toujours réussit à donner une image différente de son ressentit. Aujourd’hui, elle semblait heureuse, très contente et détendu… comme si rien ne s’était passé, comme si tout était normal. Mais au fond, Deli’ savant, que sa grande sœur avait aussi mal qu’elle. Delila lâcha sa sœur du regard quand leur oncle repris la parole
« Bien sur ! Elle est réservée à la famille… et vous faites partie de la famille. » La famille… Deli’ détourna son regard, quelque peu troublé, pour se concentrer sur la maison où elle allait vivre à présent. Elle semblait si petite, et paradoxalement si vivante. Il lui manquait de la couleur, de la fraîcheur… et mêmes quelques volets. Ce n’était pas vraiment un palace. Mais elle entendait les rires de ses cousines, des cris de joie si forts que les murs semblaient vibrer. Et soudain, elle se surprit à avoir peur.
Instinctivement, elle se mordit une lèvre, et attrapa la main de son oncle. Elle avait peur comme si, cela avait été anormal et terrifiant. A bien y penser, elle n’avait jamais connu ça : la joie, les rires, c’était… inhabituel.
« Tu me lâche pas hein ?! » Elle serait sa main si fort que de toute façon, il aurait été impossible de se dégager de son emprise. Son oncle avait à cet instant, l’air à son tour très accablé. Jamais sans doute, ne se pardonnerait-il d’avoir laissé son ivrogne de frère délaisser ses deux filles… Il aurait dut intervenir, il ne l’avait pas fait. Maintenant, il donnerait tout à ces deux gamines pour qu’elles s’épanouissent enfin.
« Jamais de la vie Deli’, et toi non plus Asty’. » Il était tellement sincère qu’elle s’en trouva désarmée. Ravalant ses larmes, plissant son petit nez, elle tenta de dire le plus naturellement possible, bien que sa voix la trahissait.
« Promis juré ? » Les secondes qui passèrent furent si longues, qu’elle crut en mourir. Mais il avait pourtant répondu quasiment du tac au tac.
« Croix de bois, croix de fer ! » S’il avait exécuté le geste de manière clownesque pour les faire rires, elle ne fit qu’éclater en sanglot, serrant sa main de toutes ses forces, et bientôt suivit d’Astoria qui n’arrivait sans doute plus à faire semblant. Maintenant, alors que son père les avait abandonnées pour l’alcool jusqu’à en crever, Del’ et Asty’ ne voulaient jamais… plus jamais être lâchées.
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UC
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Cette sale gosse allait encore avoir raison de lui… Pas de doute, il ne devait pas exister sur terre des amis aussi différent qu’eux deux. Quand Maë la regardait, il voyait le naturel, la grâce et le cran. Et une paire de nichon aussi, accessoirement ! Quoi qu’il en soit, sa pote était tellement différente de lui qu’ils étaient le feu et la glace… Pas difficile de savoir qui était le feu entre les deux d’ailleurs, même si les conseils qu’elle dispensait, elle ne les appliquait pas à elle même. Encore aujourd’hui, Delila avait fait très fort.
« Attend mon p’tit pote je suis désolé ! Si t’es pas capable de chier un vieux chapitre pourrav’ sur demande de l’éditeur, bah t’es vraiment qu’une tafiole ! » Merci Del’, toujours pleine de sollicitude et de délicatesse. Sans doute était elle la personne la plus vulgaire qu’il connaisse… manque de bol, elle lui collait au train depuis des années et ne lâchait pas prise. Une vraie glue. Foutue Del’. Maëlan tenta une petite offensive : il baissa légèrement sa couette pour voir si la grande brune le regardait. Avec un peu de chance, elle serait dos à lui, ce qui lui permettrait de filer ... genre, par la fenêtre ! Mais non, Maë sursauta en apercevant le regard oppressant de son amie dont le visage n’était qu’à quelques centimètres de son propre visage.
« Merde Del’ ! Tu fais chier ! Aller fou moi la paix… » Depuis qu’elle était à demi chez lui, ayant le culot de garer sa caravane de Hippie dans son jardin ! Sur SA pelouse… et juste en face de LA vue la plus classe, évidemment. Après cela, les emmerdes étaient revenues. Mais c’était sa pote, une âme-sœur, et même si elle était chiante à mort, elle ne voulait sans doute que son bien !
« Aller gros naze ! Bouge tes fesses… d’ailleurs faut que tu me fasse des pancakes. » Ni une ni deux, elle s’était tiré de sa chambre pour … on ne sait où d’ailleurs, un vrai cauchemar. Figé dans son lit, Maë bougonna et jura son mécontentement… Seulement lorsque Delila lui déclara qu’elle entendait tout, il baissa allégrement le volume.
« Je te signale que j’entend encore Maëlan !!. » Cette fille était un Démon ! Comment faisait-elle ? Il chuchotait à peine… De toutes ses forces, il tentait de résister aux forces sans doute extra-mental de sa squatteuse. Il suffisait qu’elle lui demande un truc pour qu’il le fasse, infernal le truc. Deli’ avait toujours été comme ça d’ailleurs, tellement maternelle et acharnée, une véritable tornade de douceur… sur un fond de vulgarité. Tout l’inverse de lui. En vérité, s’était grâce à elle qu’il avait réussit en tant qu’auteur. Sans Deli’, il n’aurait jamais envoyé ses écrits, il ne se serait jamais battu. Mais quand même, cela ne lui donnait pas le droit de le lever à… à 12h34 !
« Pourquoi faut toujours que tu te mêle de mes oignons ! J’étais bien là ! Tu peu pas trouver un appart’ non ? Un copain au mieux, histoire de l’emmerder à ma place ?...» Pas cool Maë, pas cool… Mais en même temps après quatre mois de cohabitation, elle lui foutait une telle pression ! Lui qui était si bien à glander toute la journée dans sa grande baraque, à manger des pizza surgelés, à mater la télé jusqu’à pas d’heures en attendant l’inspiration… qui ne venait pas. Et PAF, elle débarquait et lui bottait les fesses… c’était bien elle ça. Mais il avait beau être bougon, il ne résista pas longtemps au sourire qu’elle lui adressa quand il arriva à l’étage du dessous.
« Franchement, tu serais trop malheureux si je m’occupais d’un autre attardé mental ! »Pas faux… mais en même temps la paix reviendrait un peu dans sa vie. En même temps, il n’avait jamais vécu autrement que pour lui plaire, pour qu’elle soit fière de lui. Petit à petit, un petit sourire timide anima son visage alors qu’il lui adressait un regard plein de reconnaissance. Ils n’avaient jamais eut besoin de parler pour comprendre ce qu’ils voulaient vraiment exprimer… Le regard de Delila débordait de tendresse à son égard. Un petit silence s’installa, heureusement pas l’un de ceux qui gène mais au contraire, un silence gracieux et chargé d’affection. Puis, Deli’ détourna le regard. Des deux, c’était elle qui avait un peu de mal avec les émotions même si Maëlan était le seul avec qui elle n’avait pas honte. Elle reprit contenance, avant de lui jeter de son air éternellement insolent
« Trêve de sentimentalisme, fait moi mes pancakes. Et met un pantalon… ton calbute est vraiment trop moche. »